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Mes maisons

On vit toujours quelque part. Dans mon cas, il y a toujours eu des murs, un toit, des portes, des fenêtres... Mais les murs, les toits, les portes et les fenêtres n'ont pas beaucoup d'importance. Ce qui compte vraiment, c'est ce qu'il y a entre les murs, en dessous du toit, à travers les portes, au bord des fenêtres. Ce qui compte, ce sont les gens ! Ce sont eux qui donnent du sens aux maisons, qui les font vivre, qui font que chaque maison a son histoire, unique, à laquelle on ne fait que participer, un instant, un jour, un mois, un an, un siècle... une vie.

   


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Rue Joseph Hazard, 25 - 1180 Bruxelles (Uccle)
Décembre 1953-Août 1975, Juin-Novembre 1976, Avril-Mai 1977

Mes parents, Paul et Simone Gerard, avaient 4 enfants : Philippe, Monique, Étienne et Bernard. Par hasard, un petit raculot se pointa, ce qui les décida à investir la rue Joseph Hazard. Je suis le seul à avoir dormi dans toutes les chambres, depuis la chambre des parents où je vécus, dans le froid, mes premiers mois jusqu'au grenier qui m'abrita le temps d'une crise.

C'est la maison de mon enfance, celle de ma famille. Beaucoup de choses s'y sont passées, bonnes et moins bonnes. Les souvenirs que j'en ai sont aussi extérieurs, lorsque je passais d'une chambre à l'autre, au 2e étage, par la corniche ! Ou alors, quand je quittais la maison par l'extérieur depuis la chambre du 1er étage (fenêtre gauche) en m'aidant des volets et murs mitoyens. C'était la conquête du monde !

 

   

Ravenstraat, 53 (42) - 3000 Leuven
Septembre 1975-Juin 1976

C'est l'université qui me permit de découvrir d'autres murs. Le temps d'une 1re licence en Droit et en Criminologie, j'ai koté à Leuven, avec Marc Van Eerdewegh (et parfois Dominique Havaux) et Jean-Benoît Florival. Il y avait peut-être un 4e, je n'en suis plus sûr, et il était de toute façon insignifiant, ou "hors sujet".

Je dormais (et accessoirement travaillais) au 1er étage, les deux fenêtres à gauche. L'essentiel ne se passait cependant pas dans les chambres, mais au rez-de-chaussée : whist, mots croisés, guindailles, vaisselles, etc.

Une vraie année d'étudiant, si ce n'est qu'on a fait la grève pendant la plus grande partie de l'année (sans résultat) et que je quittai Leuven avant la fin de l'année scolaire, également sans résultat !

Nous avions peint la façade en vert pomme. Elle a changé désormais, mais apparemment, la maison est toujours habitée par des étudiants !


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Montagne Saint-Job, 78 et 74 (73 et 77) - 1180 Bruxelles (Uccle)
Novembre 1976-Avril 1977

Le retour à la maison familiale coïncida avec une crise sentimentale qui me compliqua bien la vie ! Dans la tourmente, je fus accueilli par la "Communauté de Gratte de la Montagne Saint-Job", d'abord au 78, puis au 74, plus agréable.

J'ai vécu là 6 mois inoubliables, avec Jacques, Jean-François, Micheline, Marie-Jo, Pierre, Roger et d'autres encore. Dans l'esprit de Gratte. J'avais 6 mois pour me retourner, me reconstruire un moral... et trouver de quoi me loger ailleurs !

Ces maisons étaient bien modestes. Et il fallait travailler pour les aménager quelque peu. Mais au moment où la vie était un enfer, ce fut le paradis.


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Chaussée de Wavre, 1877 - 1160 Bruxelles (Auderghem)
Mai-Juin 1977

Les 6 mois étaient écoulés... j'avais un projet de vie à Rixensart, mais cela ne pouvait commencer qu'en juillet. Un bref passage Rue Joseph Hazard me fit comprendre qu'il fallait trouver une solution de rechange en urgence.

Stephen Humblet et Caroline Fisher m'accueillirent dans leur petite maison du Bergoge, à côté des quelques chiots qui avaient comme moi besoin d'un lieu d'accueil.

Un petit mois sublime, d'autant plus que le soleil sentimental rebrillait petit à petit. Savoir qu'une porte est ouverte, sans compte à rendre, pour le simple bonheur d'être ensemble. Merci !

   

Rue de Froidmont, 2 - 1330 Rixensart
Juillet 1977-Juillet 1978

À part la maison familiale, toutes les autres avaient été des expériences passagères, sans stabilité.

Rixensart était un vrai projet : quatre personnes décidaient de vivre ensemble, un homme et trois femmes ! J'emménageais donc avec Micheline Meert (rejointe plus tard par Benoît), Margot et Dolores, dans cette maison rustique entourée de 15 ares. Ma première expérience campagnarde. Mais plus fondamentalement, ma première expérience de beaucoup de choses de la vie. Apprentissage et découverte du respect de l'autre, de la différence, du besoin de s'impliquer. Une année dense et riche (sauf pour mon porte-monnaie qui était au plus mal !). Ce fut là aussi que j'enregistrai ma cassette "Rêveries".

Un vrai partage communautaire, même si chacun gardait toute son indépendance. Et c'est sans doute ce partage qui me fit comprendre qu'il était aussi temps de m'assumer complètement, entièrement seul. J'étais prêt désormais.


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Chaussée de Wavre, 1678 - 1160 Bruxelles (Auderghem)
Juillet 1978-Juillet 1979

Seul, d'accord... mais pas trop loin quand même de Stephen et Caroline. J'ai trouvé un appartement aux 1er et 2e étages à une centaine de mètres du Bergoge. Il n'y avait pas encore de librairie au rez-de-chaussée, habité alors par le propriétaire. Un jeune gars un peu fou, excellent joueur d'accordéon (électrique), buveur, en train de se faire plaquer par sa femme. En réalité, un emmerdeur, mais avec qui je finis par bien m'entendre, grâce à la musique. Je lui rachetai d'ailleurs une guitare électrique.

Une année face à moi. Sortie définitive de l'histoire sentimentale de ma jeunesse. Profonde crise mystique, mais dans tout le sens positif du terme cette fois. Apprentissage de la cuisson des raviolis. Arrêt de fumer. Bref, année de liberté !

   

Rue Crocq , 59 - 1200 Bruxelles (Woluwé-Saint-Lambert)
Août 1979-Avril 1981

Vivre seul a son charme, mais enfin, point trop n'en faut ! Bref, après un an de vie à un et ma vie mystique s'étant méchamment estompée - on en était au début du règne de Jean-Paul II et cela commençait à faire ses ravages ! -, j'ai repris le chemin de la vie communautaire, en retrouvant Stephen et Caroline, dans une très chouette maison dont nous occupions les 1er et 2e étages. Une vraie vie communautaire, avec de nombreuses parties de whist dans lesquelles Paul Struelens jouait le plus souvent le quatrième.

Stephen et moi en étions à notre deuxième année de travail comme instituteurs, ce qui nous valait - par rapport à ce que nous avions vécu - une certaine aisance financière (tout est relatif évidemment) ! Bref, pour moi, ce fut une année de grâce, où tout était permis. J'avais également aménagé un bout de cave en studio d'enregistrement (là aussi, tout est relatif évidemment) et j'y fis quelques chouettes maquettes restées confidentielles.


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Rue de la Levure, 15 - 1050 Bruxelles (Ixelles)
Avril-Octobre 1981

La vie entre un couple et un (presque) célibataire n'est pas toujours évidente. Et nous avons décidé de nous séparer à l'amiable. J'avais déjà dans la tête un nouveau projet semi-communautaire, mais j'avais besoin d'un peu de temps pour le concrétiser. Bref, il me fallait un point de chute. Une amie quittait son appartement et m'a introduit chez ses propriétaires. Deux petits vieux méfiants qui voulaient un "bon" locataire. Je ne leur ai évidemment pas dit que j'allais me tirer six mois après... mais j'ai fait attention à ce que le contrat me le permette sans difficulté !

J'ai donc habité près de la Place Flagey, un trois-pièces au 2e étage, plus une petite chambre un palier plus haut. Beaucoup d'escaliers pour six mois de paix durant lesquels la plupart de mes temps libres étaient consacrés à l'aménagement de mon futur appartement !

   

Rue Albert De Latour, 36 - 1030 Bruxelles (Schaerbeek)
Novembre 1981-Octobre 1983

Jean-Pierre et Marianne Vantighem et leurs deux filles Barbara et Delphine, de bons amis, ont acheté une maison pour loger la petite famille. Il y avait au 3e étage, deux pièces plus ou moins habitables et un grenier à deux niveaux. C'était un beau défi à relever : transformer tout cela en un bel appartement. Amener l'eau et le gaz, placer une fenêtre, isoler, construire un escalier, etc. Une chute du haut de l'échelle qui me permettait de peindre mes murs me valut ma première hernie discale. Mais au bout du compte, un très chouette lieu de vie, où je commençai à jouer de la contrebasse et où j'enregistrai ma deuxième cassette "Voyages".

Je vivais seul, mais les portes des Vantighem étaient ouvertes quand je le voulais, avec toujours une place à table si nécessaire. C'est d'ailleurs une époque où je mangeais souvent chez des familles amies : les Baguette, les Koeune… Et puis, en décembre 1982 commençait mon chemin avec Brigitte qui, petit à petit, vint de plus en plus souvent dans mon antre, jusqu'au jour où nous remarquâmes que nous vivions à deux. Nous finîmes par décider d'"aller plus loin", au propre comme au figuré. Une fois de plus, je fis mes caisses... Pour la dernière fois : après, ce serait "nos" caisses !


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Rue Joseph Wauters, 49 - 1030 Bruxelles (Schaerbeek)
Novembre 1983-Octobre 1986

Nous avons loué une petite maison "verticale" : deux pièces par étage, sur quatre niveaux. Avec la salle de bain dans la cave, la cuisine au rez-de-chaussée, le salon au 1er et notre chambre au 2e. La maison était à 200 m de l'Institut Saint-Dominique où nous travaillions tous deux, ce qui n'était pas le moins agréable.

Au 2e étage, il y avait une petite pièce facilement aménageable en chambre. Ce que nous fîmes, et il fallait bien que cette chambre soit celle de quelqu'un. Anaïs eut la bonne idée de s'annoncer et de naître le 27 mai 1985.

Cette maison restera donc le berceau de ma nouvelle famille. Ces trois années me permirent aussi de réaliser mes études universitaires à Charleroi et à Mons. Bref, beaucoup de rêves s'y sont réalisés. Mais voilà que - mystère de la vie - le ventre de Brigitte s'était remis à s'arrondir. Simon s'annonçait et il nous fallait un peu plus d'espace que dans cette maison de poupées.

   

Leuvensebaan, 176 - 3040 Sint-Agatha-Rode
Novembre 1986-Octobre 2016

L'opportunité de louer cette maison s'est présentée à nous. Nous connaissions bien les propriétaires et pouvions faire un essai de vie à la campagne flamande en nous disant que si cela ne marchait pas, on s'en irait facilement. Nous y sommes restés 30 ans.

Au début, seule la partie de gauche était aménagée, celle de droite n'étant qu'une grange pleine de bric à brac. En 1992, l'opportunité d'acquérir la maison s'est présentée, et nous avons commencé l'aménagement de la "partie basse", d'autant plus qu'en 1989, Jérôme avait décidé à son tour de sortir du ventre de Brigitte.

De toute évidence, c'était une maison qui présentait de nombreux avantages : elle est notamment beaucoup plus stable que toutes les autres, puisque de maisons verticales, j'étais passé à une maison horizontale ! Mais même les meilleures choses ont une fin, et nous avons fini par quitter ce grand paradis.


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1390 Archennes
Novembre 2016-...

Et puis un jour, l'âge aidant, on déménage. Pour une maison tout aussi horizontale, si pas plus. Plus fonctionnelle, plus proche du monde tout en restant au calme. Une maison située en Wallonie ! J'aurai passé les trente premières années de ma vie à Bruxelles, les trente années suivantes en Flandre. Il me reste à passer - au moins - trente années en Région wallonne.

C'est plus petit, mais c'est un autre paradis !

 

Le 29 décembre 2004, j'ai réalisé le pélérinage de "mes douze premières maisons". Un petit périple de 100 km tout pile. Ce n'est pas très long : un peu moins de 2 km par an ! (???)

J'ai pris beaucoup de plaisir à faire - sans traîner - ce petit tour. Seules les maisons m'intéressaient, et je n'ai pas pris la peine de m'arrêter, sauf le temps de prendre une ou deux photos. J'ai eu un peu de problèmes pour retrouver la rue Albert De Latour. C'était sans doute parce que j'étais en avance : quand j'ai enfin trouvé la rue, Marianne était sur le pas de la porte. J'ai bien sûr été lui dire bonjour, ce qui m'a permis d'entrer dans la maison et de revoir Jean-Pierre et Barbara. C'était bien gai.

Je ne referai pas ce tour en 2016, mais la dernière nouvelle étape ne change pas grand chose : moins de 10 km en plus, en vert fluo !

 

Je n'ai fait le tour que des maisons où j'ai vraiment habité. J'ai dormi et vécu à beaucoup d'autres endroits, certains très importants. Je pense à Gratte où j'ai quand même dû passer environ un an de ma vie. Je pense au Repère, à Chaumont-Gistoux, où Robert et Isabelle m'ont accueilli plus souvent qu'à leur tour. Je pense à Mesnil-Église (photo ci-contre) où j'ai passé de nombreux week-ends avec Luc, Joëlle, Marc, Astrid, Olivier et de nombreux autres amis. Je pense à Retranchement où chaque année depuis plus de 20 ans, nous changeons d'année en compagnie de Marc, Sylvie, Alice, Céline, Julie, Camille, Mathilde, et aussi Françoise, Jean-Michel, Christian... Je pense à de nombreux autres endroits qui eux aussi m'ont construit.

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Je n'oublie pas évidemment les hôtels d'un peu partout dans le monde, avec des mentions spéciales pour l'Hôtel El Amane en Mauritanie, l'Hôtel Belvédère en Tunisie, l'Hôtel Athena (?) au Vietnam, l'Hôtel Morgan au Liban, l'hôtel Palissandre à Madagascar... Au total, cela fait aussi beaucoup de nuits, qui ne sont d'ailleurs pas nécessairement les plus agréables : la solitude d'une chambre d'hôtel est ce qu'elle est !

On vit toujours quelque part. Finalement, peu importe où. Mais, ces "quelque part" m'ont fait quelque peu !


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