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Participation citoyenne, oui - Embrigadement, non !

 

Aujourd'hui, plus que jamais, je participe à la vie citoyenne. Et pour la première fois de ma vie, je me retrouve dans une structure officielle, organisée, établie : le parti Ecolo. Ce n'est pas vraiment un parti traditionnel, mais c'est un parti quand même. Un des éléments qui me plaisent est sa structure profondément participative. Il n'y a pas vraiment des "chefs" et tout se discute et se décide en assemblée. J'ai mis du temps pour arriver à cet engagement.

Pourtant, du plus loin que je me souviens, dès que j'ai pu participer à la vie citoyenne de ma communauté, je l'ai fait :

  • à l'école, j'ai toujours plus ou moins été le "délégué". Il faut dire que mes parents ont toujours été les "délégués des parents" de ma classe. Donc, spontanément, je prenais aussi ce rôle-là au niveau des élèves. Ce n'était pas officiel, mais - lorsque mai 68 eut produit ses effets - je participai toujours de manière active aux élections, avec succès. En fait, j'ai l'impression de n'avoir jamais perdu une seule élection dans ma vie !

  • dans les mouvements de jeunesse - les scouts, mais aussi la Communauté des Jeunes du Rosaire -, j'ai rapidement voulu jouer un rôle actif et à part. Concrètement, j'ai créé et/ou réalisé des "journaux". Je ne le savais pas encore, mais le pouvoir de l'information est extraordinaire, et s'il est bien un moyen d'être citoyen de son environnement, c'est de diffuser l'information de manière ouverte (c'est sans doute le même souci qui m'a amené aujourd'hui à développer ce site) ;

  • dès 1971, je deviens membre de l'"Assemblée des Jeunes d'Uccle" (AJU), en tant que représentant du groupe "Rencontres et Recherches". Le fait de représenter ce groupe-là et pas un autre est important. "R&R" était un groupe informel mis sur pied par M. et Mme Rosman : environ tous les mois, ils réunissaient chez eux une cinquantaine de jeunes de 17 à 25 ans autour d'une problématique de la vie. Un adulte venait témoigner et ensuite, les jeunes partageaient librement autour de la problématique. Il y avait là une liberté de parole importante. Bien sûr, le groupe avait une racine chrétienne, mais sans aucun embrigadement. Chacun pouvait s'exprimer comme il le voulait. Enfin, c'est du moins comme cela que je le ressentais. L'Assemblée des Jeunes d'Uccle était issue de la mouvance 68 : elle rassemblait des représentants de tous les mouvements de jeunes de la commune afin de se faire entendre dans et par celle-ci. La plupart de ces mouvements étaient très structurés : les scouts, les patros, les jeunes de tel ou tel parti, la Croix-Rouge, etc. R&R était certainement le groupe le plus informel. Si je me souviens bien, c'est mon frère Étienne qui le premier avait représenté R&R à l'AJU. Je suppose qu'il n'avait pas trouvé cela assez concret, et il m'avait petit à petit cédé sa place. L'AJU s'est à un certain moment transformée en Conseil Consultatif des Jeunes d'Uccle (CCJU), organe un peu plus officiel encore. J'ai continué à représenter R&R (même quand R&R n'existait quasi plus !), et je suis même devenu secrétaire du CCJU, avec André Kéro comme président. J'y restai jusqu'en 1975, moment où l'Échevin de la Jeunesse et futur bourgmestre M. André Deridder me nomma dans je ne sais plus quel organe encore plus officiel, nomination que je déclinai, car je m'en allais ailleurs... ;
  • en 1975, j'étais quand même devenu représentant de la commune d'Uccle au Conseil de la Jeunesse d'expression française de l'Agglomération de Bruxelles (CJEFAB), sous la présidence de Didier Gosuin qui devint ministre à la Région de Bruxelles-Capitale par la suite. Un gars sympa, mais on n'était pas tout à fait du même bord ;
  • un peu avant cela, en 1973, à la suite du spectacle "Cap sur", il y eut un épisode très important dans ma vie : sous la houlette de Benoît Scheuer, nous avons créé un groupe de 8 jeunes avec la ferme intention de nous engager politiquement. Mais un engagement politique différent, libre, loin de la politique politicienne des partis... Nous avons échangé beaucoup autour de nos idéaux et ceux-ci ont fini par se traduire dans une "charte" qui - pour moi - fut vraiment un texte fondateur. Tout cela était très important, mais restait au niveau des idées et des paroles. Avec raison, Benoît ne se contentait plus de cela et a créé Infac, une asbl qui avait pour ambition d'informer et d'agir, et au sein de laquelle notre groupe existait sous l'appellation pompeuse "Commission d'Études et de Recherches". Je n'avais plus trop le temps de m'y impliquer, et ma participation s'est petit à petit réduite au simple balayage/nettoyage des locaux de la rue du Trône. Jusqu'au jour où j'ai jeté l'éponge, sans pour autant - loin de là - renier les idéaux exprimés dans la Charte ;
  • toujours à la même époque, j'avais essayé de trouver une place active dans l'asbl Gratte. Membre du Conseil de gestion, j'avais proposé la création d'une "Commission pour la Politique des Séjours", afin de rendre ceux-ci plus ambitieux. La proposition avait été acceptée, et j'avais été chargé de mettre cela en place, mais il faut bien avouer que ce fut un flop. Il faut dire que j'en faisais sans doute un peu trop en 1973 !

  • en 1975, R&R n'existait plus et j'ai voulu agir concrètement : j'ai créé et animé le Club de Jeunes Le Roseau, qui trouva de quoi s'abriter dans les caves de la sacristie de la paroisse du Rosaire ! Le concept était très chouette, mais je dois reconnaître que je fus rapidement dépassé par les événements : de nombreux jeunes se sont réunis dans cet endroit bien aménagé et à l'abri des regards indiscrets. Parmi les jeunes, il y eut "un peu de tout" et le Roseau fut sans doute plus souvent que je ne l'imagine un tripot plus ou moins mal famé. Enfin, l'idée était quand même généreuse, et je crois que l'expression "Le Roseau" est restée pour désigner la nouvelle salle qui fut ensuite créée en ces lieux saintement sordides ;

  • de 1976 à 1982, mon engagement citoyen diminua. J'étais devenu musicien-accompagnateur de Robert tout en assumant financièrement mes études d'instituteur, puis commençant ce merveilleux métier, je n'avais plus vraiment le temps de "participer". Cela s'est limité au temps de "vacances" avec des participations à l'animation de camps de jeunes en montagne - avec André Kéro, Paul et Luc Struelens, etc. -, de camp pour des enfants défavorisés (ATD-Quart Monde) - avec Violaine Morelle, Natalie Rigaux, etc. -, et finalement en tant que co-permanent responsable durant des séjours de vacances ouverts à des jeunes handicapés mentaux, à Gratte - avec Luc Struelens. J'ai aussi été membre pendant tout un temps de l'Équipe Pastorale de la Paroisse du Rosaire, alors que paradoxalement je n'habitais plus dans la paroisse. Mais j'y jouais un rôle plus ou moins important, tant dans la messe des jeunes que pour l'encadrement des futurs communiants lors de leur retraite ;

  • en 1978 donc, j'étais devenu instituteur à l'Institut Saint-Dominique, sous la direction de Mère Albert. Une femme admirable qui avait toujours régné en véritable despote, mais qui arrivant à la fin de sa carrière (et de sa vie, mais cela elle ne le savait pas) avait senti la nécessité de faire participer les enseignants à la gestion de l'école. Un "Conseil de la Direction" fut ainsi créé, et j'y participai très activement. Non seulement j'y fus élu dès le départ et réélu plusieurs fois par la suite, mais j'en rédigeai aussi les statuts qui ont duré un certain temps ;

  • en 1983 eurent lieu les premières élections sociales dans les écoles libres de Belgique. Pour la première fois, il fallait élire des représentants du personnel pour siéger au Conseil d'Entreprise et au Comité de Sécurité, d'Hygiène et d'Embellissement des lieux de travail. Pour pouvoir être élu, il fallait se présenter sur une liste syndicale. J'avais envie de participer, mais je n'avais pas envie d'être syndiqué. Pour moi, un syndicat est le symbole même de l'embrigadement : c'est une structure très fermée, très hiérarchisée où l'individu n'a pas à dire grand chose. Heureusement, un jeune syndicat, le SEL (Syndicat de l'Enseignement Libre, affilié à la fédération des syndicats socialistes) avait besoin de se positionner face au syndicat "officiel" de l'enseignement catholique, (FIC et CEMNL). Aussi, le SEL a eu la bonne idée d'accepter que figurent sur ses listes des enseignants non affiliés. Ce fut mon cas, et je fus élu. Je devins même secrétaire de Conseil d'Entreprise de l'Institut Saint-Dominique : toujours ce besoin de participer à la maîtrise et à la diffusion de l'information. Je fus réélu quatre ans plus tard, mais je ne prestai plus qu'au CSHE. André Lacroix, le président du SEL, avait bien essayé de me transformer en délégué syndical, mais sans succès ;

  • en 1991, je quitte l'Institut Saint-Dominique pour le BIEF et pour la Radioscopie de l'Enseignement à laquelle j'ai participé comme chercheur. C'était une autre manière de participer à la vie de l'enseignement en Belgique, avec une certaine liberté d'action. J'étais aussi entretemps devenu parent de mes trois enfants qui étaient élèves à Saint-Dominique. Quittant le corps enseignant, je rejoignai donc l'Association de Parents, mais surtout en électron libre ;

  • lorsque ma femme quitta à son tour Saint-Dominique, en 1992, pour rejoindre l'école fondamentale Martin V à Louvain-la-Neuve, nos enfants changèrent naturellement d'école pour rejoindre l'École Communale de Lauzelle, école officiellement alternative ! Je participai de manière active au "Conseil de parents" de cette école. L'idée était à nouveau généreuse : pas d'Association de parents, avec tout ce que ce concept inclut d'embrigadement et d'appartenance à une fédération, mais un Conseil libre, où chacun peut venir s'exprimer, pour discuter librement avec l'équipe éducative... Belle idée, mais pour qu'elle existe vraiment, il eut fallu que le Directeur de l'école veuille vraiment de cette "participation libre". Contrairement à son discours, ce n'était pas vraiment le cas, et petit à petit les parents se sont dilués face à l'impossibilité d'une réelle participation. En 1998, je fus mandaté pour constater que le Conseil des parents de Lauzelle avait fini d'exister, faute de combattants ;

  • quelques mois plus tard, Anaïs entrait au Collège Notre-Dame de Basse-Wavre et, en décembre 1998, eurent lieu les premières élections des "Conseils de participation", organes de concertation mis en place par les Pouvoirs publics dans toutes les écoles. Je fus élu par les parents, et le fus encore en 2000 et en 2002. J'y participai de manière très active et efficace, mais en électron libre : j'ai toujours refusé de participer à l'Association des Parents, tout en entretenant d'excellentes relations avec elle.

A partir de fin 2003, j'avoue ne plus avoir eu d'engagement citoyen, même si je considère que mon travail au BIEF (surtout quand j'œuvrais dans les pays du Sud) et au sein d'Assucopie, voire de Muzaïka, étaient une forme de participation citoyenne.

De 1986 à 2016, j'ai été un francophone de Flandres. J'habitais en Flandres, non pas dans une "Commune à facilités", mais dans une vraie commune flamande. Selon les modes de pensée flamands, j'aurais dû m'intégrer, c'est-à-dire "parler flamand". Je suis capable - globalement - de le comprendre quand je le lis et quand on le parle calmement, mais je ne me sens pas vraiment compétent pour le parler. Je n'ai rien contre le flamand : j'ai le même problème avec l'anglais que je devrais pourtant maîtriser, et - malgré le fait que j'ai travaillé périodiquement en milieu arabophone - je n'ai aucune maîtrise de l'arabe. J'ai un problème avec les langues. Je le regrette, mais c'est comme ça. Je n'ai sans doute jamais fait l'effort nécessaire pour parler le flamand, l'anglais ou l'arabe. Je n'ai jamais été en situation fonctionnelle de devoir parler l'une ou l'autre de ces langues. J'habitais en Flandres, mais la Wallonie était à 3 km de mon domicile, et toute ma vie se déroulait en Belgique francophone. Il n'y avait donc pas vraiment de problème. Pourtant, il est une chose que je regrettais : celle de ne pas participer, du fait de ma "différence linguistique", à la vie culturelle et sociale de mon environnement. C'est un des éléments qui m'a amené à rejoindre la Wallonie en 2016, avec un petit saut de 6 km. Désormais, je peux m'engager pleinement dans la participation citoyenne active et concrète.

J'ai toujours senti ce besoin de participer, d'être un citoyen actif de mon environnement culturel et social. La participation citoyenne est essentielle, mais j'ai toujours fui - jusqu'à mon déménagement - à fuir les "organes officiels de participation" du type syndicats, associations de parents, partis, etc. Même membre d'Ecolo, avec certaines responsabilités (coprésident de la Locale de Grez-Doiceau), je reste un électron libre, n'ayant de compte à rendre à personne. C'est une position dangereuse, j'en ai conscience, parce qu'il y a le risque de faire ou de dire tout et n'importe quoi. Il faut donc exercer un autocontrôle important : ne pas se laisser prendre par une parole folle, une parole irrationnelle.

Le danger existe, j'en conviens. Mais la "participation citoyenne libre" me semble essentielle et - en tous les cas - la seule cohérente avec ce que je suis et ce que j'ai comme idéal politique et citoyen.

Pour moi, l'organisation sociale idéale est l'anarchie. La vraie anarchie. Pas l'anarchie violente, terroriste ! Toute forme de terrorisme n'est que la volonté unilatérale d'imposer par tous les moyens sa vue aux autres. On est bien loin de l'anarchie. L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir. Une société anarchique est donc une société qui fonctionne dans le respect de chacun de ses membres, où chacun trouve son épanouissement, sans que quiconque n'impose à l'autre quoi que ce soit, de quelque manière que ce soit. La démocratie ne correspond pas à mon idéal anarchique, puisqu'elle consiste à donner à certains un "chèque en blanc" leur conférant un pouvoir immense sur les autres.

L'anarchie est pour moi le système idéal, mais je suis tout à fait d'accord pour dire que dans la réalité, c'est un système qui ne fonctionne pas - pas encore ? -, tout simplement parce qu'il y a toujours quelqu'un qui, malheureusement, cherche à prendre le pouvoir. Face à cette réalité, j'opte bien entendu sans aucune difficulté pour la démocratie, y compris institutionnelle. La vraie démocratie, celle qui se caractérise par l'alternance.

Pour faire vivre cette démocratie, il est essentiel qu'un maximum de personnes y participe activement. Ce n'est pas une question de "vote". Le vote est bien sûr important, mais plus importante encore est la participation citoyenne, active et libre à la vie de son environnement.

 


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