Artiste,
moi ? Tout dépend de ce qu'on entend par "artiste"
! Andy Warhol a écrit : "Un
artiste est une personne qui crée des choses dont les gens
n'ont pas besoin mais, pour une raison quelconque, il pense que
ce serait une bonne idée de leur apporter."
Si c'est cela un artiste, alors je le suis ! Et quel orgueil !!!
C'est
en 1967, à 13 ans, que j'ai senti pour la première
fois cette bonne idée d'apporter quelque chose aux autres.
Ce fut par la poésie. J'ai publié trois recueils, dont le premier - Troubles - aux Éditions Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Grâce à Internet, ils ont pu retrouver une deuxième vie, avec leur publication intégrale sur ce site.
Très
rapidement, la musique vint rejoindre mes mots. La musique était présente
de manière permanente à la maison. Surtout par le piano
dont Papa, surtout, jouait. Enfant, il l'avait appris mais gardait un
très mauvais souvenir des cours de musique. Aussi, il ne nous
a pas forcés à apprendre la musique, ne répondant
qu'à la demande. C'est quelque chose que j'ai regretté
d'un côté, parce que j'aurais sans doute pu aller beaucoup
plus loin si j'avais suivi des cours de musique, mais d'un autre côté,
cela m'a laissé toute la liberté des choix musicaux, y
compris celui de faire de la musique par l'oreille et non pas par la
vue ! Mais le piano ne m'intéressait pas trop, et à 15
ans, ce fut la découverte de la guitare, sans doute grâce
à Hugues Aufray !
Assez
rapidement, j'en suis venu à écrire mes premières
chansons. Raphy a été
pendant longtemps mon premier auditeur, dans tous les sens du terme.
En
1971, mon camarade de classe Guy Heris
m'invite à participer à son orchestre "pop"
: j'y ferai la guitare électrique rythmique, la basse et et du
chant. Mais après un mois, j'ai abandonné : décidément,
il y avait trop de décibels.
En
février 1973, j'ai participé à mon premier
spectacle : Cap sur. C'était
un spectacle de jeunes, monté par Patrick Besure et Benoît
Scheuer. Il disait tous les espoirs des jeunes face à
un monde mal embarqué. J'avais vu une première version
du spectacle et proposé mes services. J'ai chanté
des chansons et déclamé des textes, mais je ne sais
plus si c'étaient les miens. En tous les cas, une expérience
inoubliable.
En
novembre 1973, le Cercle Musique Classique des Facultés
universitaires Saint-Louis - où j'apprenais le droit -
m'a proposé, par l'intermédiaire de Guy
Kelder, son président, de participer à un
spectacle visant à faire découvrir la musique classique.
L'idée était de faire passer la musique censée
être rébarbative grâce à un "enrobage"
thématique et poétique.
La
proposition était alléchante : non seulement officier
comme récitant, mais aussi construire la trame à
partir de mes poèmes. Le spectacle Ma
vie découverte, titre d'un de mes poèmes,
vit ainsi le jour. C'était l'époque où mon
recueil Troubles était
en cours de parution, et c'était là une reconnaissance
assez extraordinaire, même s'il ne s'agissait que d'un spectacle
étudiants. Il y eut 2 représentations à Bruxelles
et 1 à Namur. Belle expérience aussi, notamment
dans la collaboration avec Josiane Ronsse
qui fut la première récitante "extérieure"
de mes poèmes.
En
1975, j'ai eu ce que je considère comme une des grandes chances
de ma vie : Robert, qui venait
de se lancer dans la chanson, m'a proposé de l'accompagner
sur scène et dans ses enregistrements. Ce furent 4 années
extraordinaires avec l'enregistrement d'une cassette La
ligne d'horizon, de 2 "33 tours" Chant
libre et Quand tu me parles de printemps,
et surtout une bonne centaine de spectacles dont notamment
Le temps des cerises.
En
1978, je commence ma vie professionnelle "officielle".
J'en profite pour prendre des décisions importantes : d'abord,
je termine ma collaboration avec Robert,
qui avait d'ailleurs besoin de sauter un pas musical et de travailler
avec des professionnels ; et ensuite de me lancer dans ma propre
carrière de chanteur.
Ce
fut d'abord l'époque de mon premier enregistrement Rêveries.
J'ai commis la bêtise d'envoyer la bande originale à
l'émission de la RTB "La chanson
buissonnière" qui avait repris comme indicatif
ma musique "Les trois Ardéchois". Je demandais
de me la renvoyer, mais bien sûr je ne l'ai jamais revue,
et il ne m'en est resté qu'une copie sur cassette, avec
grande perte de qualité !
Ma
carrière solo ne fut cependant pas très longue !
J'ai fait une première partie de Robert dans un de ses
spectacles à Dinant, salué par la critique (???).
Dans son numéro 4 de juin 1978, L'Arrosoir,
revue sur la chanson d'expression francophone, écrivait
: "Un nouveau venu dans le monde de la bonne chanson. (...)
Scéniquement et techniquement, c'est au point. (...) Il
lui reste (et c'est bien normal) à travailler la voix."
J'ai
ensuite participé à la Rencontre Fête Spectacle
organisée par les Amis de la Terre (Dominique
Thibaut) en compagnie d'artistes accomplis : Philippe
Anciaux, Jofroi, Robert...
Une
émission de la radio libre Radio-Louvain-la-Neuve
me fut entièrement consacrée, avec enregistrement
public.
En
novembre 1980, j'ai participé à un cabaret à
l'Institut Saint-Dominique. Belle expérience aussi.
Enfin,
en 1981, j'ai enregistré ma seconde cassette Voyages
qui fut un beau succès !
Nous
sommes en 1982 et ma vie va connaître pas mal de basculements
! D'un point de vue personnel, ce sera l'année de ma rencontre
de Brigitte. Mais d'un point de vue artistique, cela bouge aussi.
Je crée mes dernières chansons "première
vague", j'arrête d'écrire des poèmes,
je ne continue pas ma tentative d'accompagnement de Jean-Pierre
Vantighem et je me décide à enfin apprendre
la musique, c'est-à-dire à suivre des cours de solfège
et de... contrebasse.
Tout
cela mis ensemble m'amènera à participer durant
8 années aux prestations du groupe La
Mandore, ensemble de mandolines classiques. Véritable
changement dans ma démarche musicale : plus d'improvisation
mais la nécessité de prendre sa juste place au service
d'une musique écrite. En
1989, après un séjour mémorable en Pologne,
nous concrétiserons tout cela dans l'enregistrement d'un
33 tours, sous la direction d'Yves Deguelle.
Entre
1985 et 1990, instituteur et jeune parent, je m'intéresse
spontanément à la chanson pour enfants, en étant
notamment membre actif de l'ASBL Autre chose pour rêver.
J'eus aussi l'occasion de concrétiser 3 "performances"
:
j'ai
participé avec ma classe à une émission
de Radio-Pirates (RTBF), où nous nous sommes bien
amusés à chanter nos chansons ;
j'ai
relevé le défi, lors d'une autre émission
de Radio-Pirates, de créer avec un groupe d'enfants
de milieu populaire une chanson originale "endéans"
les 2 heures de l'émission ;
j'ai
participé avec le cycle 8-10 Horizon, conjointement avec
Martine Braem et Pierre
Chemin, à la création de la chanson
"Qui dit quoi à qui ?" qui fut brillamment
interprétée par nos élèves lors
de l'émission TV Nouba Nouba.
Le
début des années 1990 est très chargé
du côté de ma vie professionnelle officielle et la
musique n'y a que peu de place.
En
1995, Jean-Pierre Vandenbosch
et Geneviève Vrancken
me demandent si je suis intéressé de devenir contrebassiste
pour Les
P'tits Campagnols, groupe folk animant des bals pour enfants.
L'année suivante, je participe au groupe Gaïa
qui fait la même chose, mais pour les adultes. Avec Luc
Pilartz et Aurélie
Dorzée, nous enregistrons en 2002 un CD démo.
Jusqu'en 2010,
j'ai continué avec eux à écumer les scènes pour
une musique libre et communautaire.
Et
en 2003, je redécouvre la chanson en débouchant sur le
CD Sans accent, qui sera suivi en 2006 par un nouveau CD, plus professionnel, Allumeur de réverbères, enregistré par et avec Théo Mertens.
2006 correspond à un basculement. Étant arrivé, avec le CD Allumeur de réverbères, au sommet de ce que je pouvais faire dans la chanson, je délaisse cette niche artistique pour me consacrer à un nouveau projet : le blog Réverbères. Si celui-ci est généraliste et traite donc d'un peu de tout, il est avant tout pour moi un exercice d'écriture où les mots et leur agencement ont autant d'importance que ce qu'ils disent. Finalement, c'est un retour à la poésie de départ !
L'écriture prendra de plus en plus de place, notamment par le biais d'ateliers en écriture, avec deux romans chorals comme aboutissement : Retour à l'authentique (2018) et Promenade aux oiseaux (2019).
"En
définitive, l'artiste est un type que la vie étonne."
[Louis Nucera]. Et bien, alors oui, je me considère comme un
artiste. Ce qui ne veut pas dire "artiste de génie"...