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Adjoint

Il y en a qui ont une vocation de leader, de chef de file. Ce n'est pas mon cas.

Ma vocation est plutôt celle d'adjoint, de second... Ce qui ne m'empêche pas de prendre mes responsabilités quand il le faut.

Tout petit déjà, je n'étais pas le "chef de bande" à l'école. J'étais plutôt le stratège, celui qui disait "on devrait faire ceci", laissant le soin au chef de décider qu'on faisait "ceci".

Dans les mouvements de jeunesse, j'ai chaque fois fini par être le chef : sizenier chez les louveteaux, chef de patrouille chez les éclaireurs, chef de troupe quelques années plus tard encore chez les éclaireurs. J'ai chaque fois accepté cette responsabilité qui venait normalement, pour une question d'âge ou d'ancienneté, je l'ai assurée du mieux que je le pouvais, mais je ne crois pas que ce furent mes meilleurs rôles. Je me suis même fait virer par un de mes assistants lorsque j'étais chef de troupe et - n'ayant aucun enjeu de pouvoir - je l'ai laissé faire et lui ai cédé la place, pour me retrouver assistant dans un poste pionnier. C'était beaucoup mieux comme ça.

Dans ma vie "associative", j'ai toujours plutôt eu un rôle d'adjoint : au Conseil Consultatif des Jeunes d'Uccle, j'ai été secrétaire laissant à André (décédé ce 9 août 2004) le rôle de président-animateur ; fondateur du Club de Jeunes le Roseau, j'ai vite cédé la place de Président à un autre comparse ; dans diverses associations, j'ai eu un rôle actif mais toujours en soutien (camps de jeunes en montagne, Gratte, camp de jeunes ATD-Quart Monde, Autre chose pour rêver...). Aujourd'hui encore, je suis trésorier d'Assucopie laissant les premières loges à mes collègues. Je suis néanmoins président de l'ASBL Muzaïka - Les productions du plaisir. Muzaïka produit et gère des spectacles musicaux, essentiellement autour de Raphy Rafaël, qui est la cheville ouvrière. Je l'assiste, même si c'est avec une casquette de président !

Dans ma vie de musicien, c'est encore un rôle de second dans lequel je me sentis le mieux. Guitariste, j'ai surtout été musicien-accompagnateur de Robert pendant quatre ans. Puis, quand j'ai voulu aller plus loin, je suis devenu contrebassiste. Il y a bien sûr des contrebassistes solos, mais ce n'est certainement pas mon cas. Moi, je joue de la contrebasse pour accompagner les autres, pour les soutenir. Ce fut et c'est le cas dans La Mandore (orchestre de mandolines classiques), dans les Petits Campagnols (orchestre folk de bals pour enfants), dans Gaïa (orchestre folk). Et dans ma carrière de chanteur, si je n'ai jamais trop fait de scène, c'est parce que cela ne m'intéresse pas trop d'être mis aux premiers plans.

Enfin, ma vie professionnelle ne fait pas exception. Pendant une vingtaine d'années, j'ai été "directeur adjoint" du BIEF et c'est très bien ainsi. Je fus bien sûr souvent appelé à être "chef de projet", mais ce rôle-là, je l'ai toujours conçu aussi avant tout comme un soutien aux autres.

Même dans ma vie familiale, en tant que "père", je ne cherche pas à occuper la première place. Il s'agit d'une coresponsabilité.

Est-ce que cette position d'"adjoint" est un aveu de faiblesse, une reculade, une fuite ? Je ne le pense pas, bien au contraire. D'abord, parce que de toute façon, tout le monde ne peut pas être chef... et donc, il faut bien que certains aient ce rôle de second. Autant qu'ils s'y sentent bien. C'est mon cas.

De plus, je crois que je suis d'une part beaucoup plus efficace dans mon rôle d'adjoint parce que je peux exercer des actions où la fiabilité est plus importante que la dimension symbolique et d'autre part beaucoup plus libre parce que mon champ d'action et de parole n'est pas limité par la responsabilité.

Enfin, et ce n'est pas le moins important, cela me permet de vivre les choses sans enjeu de pouvoir. Ça, c'est mon côté anar... L'anarchie bien comprise me semble être le meilleur système politique. L'anarchie bien comprise, c'est "l'ordre sans le pouvoir". Je ne fais pas de l'anarchie un combat politique (il faudrait pour cela être un leader...), mais cela reste pour moi un idéal, sans doute utopique. Mais pour vivre l'anarchie, ce qu'il faut avant tout, c'est ne pas avoir de chef. Le chef est la négation de l'anarchie. Alors, être adjoint me convient bien politiquement parlant.

Un certain Jean-Marie Descarpentries a écrit "Si quelqu'un a un adjoint dans l'entreprise, cela signifie qu'il y a quelqu'un de trop dans l'organisation." Je ne sais pas s'il a raison, mais ce que je sais c'est que si c'est le cas, ce n'est certainement pas l'adjoint qui est en trop...

 


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