Pendant des
années, mes enfants ont eu un gros problème quand il s'agissait
de remplir la case "Métier du père" ! Malheureusement
pour eux, mon métier n'existait pas vraiment - en ce sens qu'on
ne fait ça qu'au BIEF
- et il ne peut se résumer en une appellation courte.
Officiellement,
j'ai fini ma carrière en tant que "Expert senior en éducation, en formation et en gestion de projets"...
mais il faut bien reconnaître que c'est à la fois long,
pompeux et peu explicite !
Quand
j'arrivais dans un pays étranger et qu'il fallait remplir le papier
pour le contrôle de police, j'écrivais la plupart du temps
"Enseignant". Sans être tout à fait exact ni inexact, c'était plus court,
certainement moins pompeux, et compréhensible pour tout le monde, ce qui facilitait
souvent la bonne humeur du sbire !
Mais
qu'est-ce que je faisais vraiment au bout du compte ? Ça aiderait
peut-être à trouver une bonne appellation ! En y réfléchissant,
je dirais que j'étais "accompagnateur de projets de formation
et/ou d'éducation", tout en reconnaissant que c'est
toujours aussi long et aussi peu explicite. Bref, je n'ai jamais conseillé à mes enfants d'écrire cela, même si c'était
ce que je faisais !
Des
gens ont des projets, que ce soit dans le domaine de la formation
et/ou de l'éducation, et mes
collègues et moi les accompagn(i)ons pour les faire démarrer,
les évaluer, les améliorer, etc.
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Une
facette relativement importante dans cet accompagnement de projets
est la formation : il s'agit de développer auprès
des personnes concernées des compétences leur permettant
de mener leurs projets. J'animais donc des sessions de formation,
principalement en gestion de projets, en conception et en évaluation
de manuels scolaires, en évaluation des acquis des élèves,
en évaluation de l'efficacité de dispositifs de
formation, etc. La plupart du temps, ces formations n'étaient qu'un
moment de l'accompagnement de projets, c'est-à-dire qu'à
côté de la formation, il y a la réalisation
proprement dite du projet. C'est ce que j'appelle souvent de la
"formation-action". Mais il m'arrivait aussi de former
de manière ponctuelle, c'est-à-dire sans être
impliqué dans ce qui vient avant ou après le moment
de formation. |
À
côté de ce moment de formation, il y avait l'accompagnement
proprement dit du projet, c'est-à-dire la réalisation
de celui-ci. Il s'agissait bien d'accompagnement, en ce sens que c'étaient
bien les personnes concernées qui réalisaient le projet,
et non pas moi. Le travail d'accompagnement consiste à organiser
le travail, à donner des feedback sur la qualité de
celui-ci pour pouvoir l'améliorer, à favoriser le dialogue
entre les partenaires, parfois à "mettre la main à
la pâte" pour faire avancer les choses, etc. Ces projets
étaient en lien avec les thèmes de formation décrits plus
haut : mettre en place un système d'évaluation
des acquis des élèves, reformuler des "curriculums"
de formation selon l'approche par les compétences, mettre en
place un système d'évaluation
d'actions de formation, améliorer la gestion des projets
quotidiens, élaborer
des manuels scolaires en adéquation avec les besoins du
21e siècle...
Lorsque
je parle d'"accompagnement de projets", je fais état
du travail qui se passe sur le terrain, avec les personnes directement
concernées par le projet. À côté de ce
travail, il m'arrivait de "coordonner des
projets", c'est-à-dire de veiller au bon fonctionnement
du projet d'accompagnement de projet... Cela signifie que je travaillais
alors avec mes collègues ou autres consultants impliqués
eux-mêmes comme accompagnateurs de projets pour faire en sorte
que tout se passe bien.
Cette
dimension "coordination de projets" était une des facettes
de ma fonction de "directeur adjoint" du BIEF, mais celle-ci
recouvrait mille autres aspects dont la gestion informatique et de l'informatique
du BIEF, le soutien aux collègues, le conseil, etc.
Au
bout du compte, qu'aurais-je dû conseiller à mes enfants pour nommer la
profession de leur père ? Il faudrait un seul mot. Je proposais
parfois "Psychopédagogue", mais cela correspond
plus à ma formation qu'à mon métier... Alors,
pourquoi pas "projeteur", voire "projecteur", avec
la possibilité d'ajouter "en éducation" et/ou
"en formation" ? D'habitude, on parle de "dessinateur-projeteur"
pour désigner le technicien qui établit des projets
dans des domaines divers. C'est peut-être bien ça que
je faisais, mais sans être dessinateur...
Heureusement, vous l'avez compris, aujourd'hui, c'est beaucoup plus simple ! Je suis désormais "retraité" !