Texte de Pierre Selos à propos de son disque Des enfants et des hommes

aux "adultes"…

Pour écrire ces chansons, je me suis fait l'interprète des enfants. Ils ont aussi été mes juges.

Avant ce disque, il était rassurant de croire à une enfance préservée.
Pour nous conserver cette illusion, nous lui donnions à chanter de quoi nourrir notre fin passagère de pureté et d'innocence.
Nous avions fini par croire à un certain état de grâce

Nous condamnons l'enfance au sous-développement.

Nos rapports avec elle sont régis par la loi du plus fort.

Nous faisons de notre savoir un droit.

Nous traitons d'elle avec désinvolture, en oubliant qu'elle représente au moins quinze ans dans la vie des hommes et des femmes de demain ; c'est-à-dire, pour certains, un quart voire la moitié d'une existence, quand hélas, elle n'est pas toute leur existence.

Nous n'aurons de chance de progrès qu'en n'oubliant jamais qu'une enfance blessée fait toujours une plaie adulte.

Pierre Selos, 1972, "Chansons pour vivre" L'oiseau bleu, Mâcon.

Retour